Il y a quelques jours j’ai pu voir que Bastide et Mezil étaient en dédicace à Toulouse ce weekend et à Bordeaux le weekend prochain. Pas froid aux yeux j’étais près à parcourir les 300 kilomètres qui me séparent de leurs signatures. Quoique… Bastide et Mézil, même s’ils ont dessiner Sambre, ils ne sont pas Yslaire. Jolie lapallissade qui vient en contradiction avec un des titres du denier Casemate : « Sambre le « ouf » des deux clones d’Yslaire » . Yslaire serait il en réalité le bras droit de Raël?
Après la lecture de l’article consacré au dernier Sambre, j’avais beaucoup moins d’hésitation. Voici les quelques lignes qui m’ont particulièrement marquées: on demandait aux dessinateur-coloriste du dernier Sambre s’ils allaient continuer à travailler sur informatique, Mezil de répondre :
« Oui, d’autant que les nouvelles générations de palettes graphiques décuplent les possibilités ! Abandonner une voiture pour reprendre un cheval nous semblerait d’un autre âge… »
Puis viens le tour de Bastide de répondre :
« Nous sommes fans d’auteurs traditionnels comme Guarnido. Mais nous ne voudrions pas travailler comme lui. Nous sommes convaincus qu’il est possible de réaliser via un ordinateur des planches aussi belles qu’à la main. Nous revendiquons un statut d’artisan identique à celui des artistes « manuels ». en travaillant en très grand format sur écran, nous pouvons réinjecter de la matière, par exemple des taches d’aquarelle scannées, afin d’offrir à notre dessin toutes les apparences d’un grain naturel. »

Ce que dit Mezil est extrêmement condescendant surtout pour les turfiste et autres Bartabas qui n’ont pas fait la dernière mise à jour qui devrait leur permettre le passage du cheval à la voiture! Je ne crois pas que les choses puissent se penser ainsi. Le dessin assisté de l’ordinateur (c’est à dire l’infographie) par rapport à une autre technique de dessin n’est tout simplement pas comparable: on peut dégager des avantages, des inconvénients, des différences mais en aucune façon on ne peut les opposer. On ne peut pas opposer le cheval à la voiture. L’entendre parler d’un autre âge me fait penser que la BD vis à vis du cinéma par exemple peut également paraître d’un autre âge et pourtant dans les faits on ne peut pas les confronter. Je trouve dommage que l’on présente les possibilités de création côte à côte des évolutions technologique et non dans la technique comme si les évolutions techniques et logicielles vont apporter une évolution dans la création alors que cela devrait être le travail qui devrait jouer ce rôle. La comparaison qu’utilise Mezil est particulièrement intéressante pour des personnes qui ont vu leur carrière propulsé à la vitesse d’une voiture plus qu’à la vitesse d’un cheval.
« Artistiquement, nous voulons quelque chose d’aussi motivant que Sambre. Et l’espoir de ventes aussi intéressantes »
De son côté Bastide décrit exactement ce que la photographie à connue, d’un coté il revendique la création à l’aide d’ordinateur comme une création artistique, mais il ne veut pas assumer cela et essaye de faire passer ses dessins pour des aquarelles par exemple (pendant plusieurs années, la photographie numérique a voulu reproduire le rendu de l’argentique). Pour reprendre la comparaison de Mezil ce serait comme si une voiture se faisait passer pour un cheval. . J’ai le sentiment que dans le discours de Bastide et Mezil ce qu’ils opposent c’est l’ordinateur face à «la main» comme si il n’y avait rien de manuel dans leur travail.
Je crois surtout que l’un comme l’autre n’ont aucun recul et surtout aucune réflexion sur l’outil qu’ils utilisent (et ils ne sont pas les seuls!). L’utilisation de l’ordinateur n’a rien d’anodin et ne présente pas seulement des avantages techniques. Un simple exemple : les planches originales de BD ou même les dessins sont des pièces très recherchées pour les collectionneurs (et les musées) elles marquent avant tout l’œuvre, la marque, la touche, le geste… de l’auteur. Chaque œuvre, malgré le fait qu’elle ai connu un grand nombre de tirage, reste une œuvre unique, c’est la différence entre tableau de maître et un poster. Mais demain que vera-t-on dans les musées? des affiches? des fichiers raw? Quelle valeur auront des tirages réalisés sur un ordinateur? (quand je parle ici de valeur ce n’est pas de valeur financière, mais de valeur symbolique). Cette même réflexion m’est venue lorsque j’ai pu voir lors du reportage d’Yslaire et Jean-Claude Carrière un grand nombre de tirages du ciel au-dessus du Louvre, des grands tirages sans ratures, sans hésitation. A mon sens à chaque étape de la création le passage d’une technique à une autre ne peu se faire sans incidence.
A quelques jours de leurs dédicaces on peut se demander quelle valeur auront les dessins de Bastide et de Mezil dans la mesure où ceux-ci ne les auront jamais exécutés pour réaliser la BD?
De son côté Yslaire revendique la paternité de Sambre comme s’il sentait que la série lui échappe:
« Si je suis crédité de la mise en scène, ça n’est pas une simple figure de style! « La Guerre des Sambre» reste avant tout mon projet, même si la relation avec Bastide et Mézil a été très fructueuse. »